Journal de bord d’une robe de mariée
Du premier frisson au grand jour – chronique d’une création sur-mesure
Bonjour. Je suis une robe de mariée. Enfin… je vais le devenir. Pour l’instant, je suis un doux mélange d’idées folles, de tissus rêvés et de croquis griffonnés entre deux tasses de thé dans un atelier lumineux qui sent bon l’épinglage et la concentration.
Je n’existe pas encore, mais je flotte déjà dans l’air, entre l’imaginaire de ma créatrice et les étoiles dans les yeux de ma future mariée — que je ne connais pas encore, mais que j’ai hâte de rencontrer. Spoiler : elle va pleurer. (Mais promis, que des larmes de joie.)
Première étincelle : le rendez-vous
Un matin, j’entends la porte de l’atelier s’ouvrir. J’ai appris à reconnaître ce pas hésitant, cet éclat dans la voix qui veut dire : “Je crois que c’est le bon endroit.” C’est elle. Ma mariée.
Elle entre avec ses rêves, ses doutes, son Pinterest débordant et ses copines (parfois une maman hyper émotive, parfois une amie ultra cash : j’adore).
La créatrice lui parle doucement. Elle pose les bonnes questions : “Parlez moi de vous, de votre idée du mariage, de votre futur conjoint, plus j’en sais plus c’est facile de vous guider” Puis vient la vraie question : “Et vous imaginez quoi comme robe ?” Là, c’est mon moment préféré : je commence à naître.
✂️ Entre fil et folie : les essayages
Ah, les essayages ! Ou pas… Certaines mariées n’ont pas besoin d’essayer et savent. Point. Mais la plupart hésitent, tergiversent et ont surtout peur de se tromper, et ma mariée n’y déroge pas, et c’est par les essayages au fur et à mesure que je prends corps. Littéralement. Un volume, un dos, une dentelle, une fluidité. Je deviens réelle petit à petit.
Je suis une idée, puis un projet, puis un rêve devenu réel. Et pourtant, à chaque essayage, je me transforme. Ma mariée aussi, d’ailleurs.
On rigole (parce qu’une robe qui bloque les bras, c’est toujours un bon moment), on ajuste, on drape, on redescend sur terre, puis on repart dans les étoiles. Parfois, je prends un peu de dentelle, parfois j’en perds. Une fente ? Un dos nu ? Des manches amovibles ?
Et puis un jour, entre deux ajustements, je vois dans ses yeux qu’elle vient de se reconnaître en moi.
C’est bon, j’existe.
✨ Le jour J : la grande entrée
Je suis suspendue. Littéralement et émotionnellement. Prête. Repassée. Chouchoutée.
On m’enfile avec mille précautions, des mains tendres m’ajustent une dernière fois, une larme coule (encore), les talons claquent, les cœurs battent, le photographe mitraille.
Et là, la porte s’ouvre.
Je sors. Elle sort. Nous sortons. Les yeux de sa moitié brillent.
Une robe, une mariée. Une seule et même personne, désormais.
Je brille. Elle rayonne. Nous sommes la star.
Épilogue d’une robe pas comme les autres
Et voilà. On m’a créée sur-mesure. Pas juste pour son corps, mais pour son histoire. Je suis cousue de souvenirs, de doutes, de fous rires et de petits ajustements d’amour.
Et même si, ce soir, je finirai peut-être un peu froissée, tachée de gâteau au chocolat, ou oubliée sur une chaise au milieu de la fête… je sais une chose : j’ai eu la plus belle des vies.
Et demain ?
Peut-être que je dormirai dans une housse ou que je danserai encore, recousue pour une autre vie ou ferai le bonheur d’une autre mariée. Qui sait.
Mais une chose est sûre : je suis unique. Et je ne l’oublierai jamais.